La mélancolie

Tout le monde connaît la tristesse. Elle fait partie de la vie. Mais parfois, cette tristesse devient extrême, profonde, impossible à exprimer, comme si elle venait de l’intérieur, sans fin.

On parle alors de mélancolie. Ce n’est pas une simple dépression passagère, mais un état psychique grave et intense, que la psychanalyse tente de comprendre au plus près de la souffrance du sujet.

La mélancolie est une forme très profonde de dépression, marquée par :

  • une douleur morale intense, parfois décrite comme physique ;

  • un sentiment de vide ou d’effondrement intérieur ;

  • des pensées de dévalorisation extrême, de culpabilité injustifiée ;

  • parfois, des idées suicidaires très présentes, comme seule issue possible.

La personne mélancolique ne se plaint pas toujours. Elle peut même avoir du mal à parler de ce qu’elle ressent. Elle se sent indigne de vivre, inutile, comme si elle avait disparu elle-même.

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Les signes caractéristiques

  • Tristesse profonde, sans cause apparente claire ;

  • Perte d’élan vital : plus d’envie, d’intérêt, de désir ;

  • Auto-accusation, voire haine de soi : « je suis nul », « je fais du mal à tout le monde » ;

  • Ralentissement moteur et mental : gestes lents, voix faible, pensées figées ;

  • Retrait social, isolement, silence ;

  • Idées suicidaires, parfois sans que la personne en parle.

À noter : contrairement à d’autres formes de dépression, l’estime de soi est ici totalement anéantie.

Quelle est la différence entre mélancolie et dépression ?

La mélancolie est une forme grave de dépression, marquée par une douleur intense, un fort risque suicidaire, et une perte totale d’estime de soi. Elle est souvent plus silencieuse.

Est-ce que la mélancolie se soigne ?

Oui, mais cela demande du temps, un cadre stable, parfois des médicaments, et surtout un accompagnement thérapeutique attentif.

Une personne mélancolique peut-elle demander de l’aide ?

Parfois, non. Elle peut se sentir indigne, ou penser que personne ne peut l’aider. C’est souvent l’entourage qui doit intervenir en premier.

Est-ce qu’un choc peut déclencher une mélancolie ?

Oui. Une perte, un deuil, une rupture, ou même un événement apparemment mineur peuvent réveiller une mélancolie préexistante, souvent enracinée dans l’enfance.

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Une explication psychanalytique

En psychanalyse, la mélancolie est considérée comme une perte d’objet vécue de manière inconsciente : le sujet ne parvient pas à identifier clairement ce qu’il a perdu, contrairement au deuil.

Cette perte est introjectée, c’est-à-dire que le moi absorbe l’objet perdu, et c’est ainsi que la critique, la haine et le mépris initialement dirigés vers l’objet se retournent contre le moi.

Cela explique le sentiment intense de dévalorisation, la culpabilité et l’auto-accusation caractéristiques de la mélancolie. Freud en parle comme d’un conflit entre le moi et le surmoi, où le moi devient le théâtre d’une lutte violente et silencieuse.

Freud : deuil impossible, perte intérieure

Dans son texte Deuil et mélancolie (1917), Freud compare la mélancolie à un deuil qui ne pourrait pas se faire.
Le sujet a perdu quelqu’un (ou quelque chose), mais il ne peut pas en faire le deuil, car cette perte reste inconsciente ou floue.
Au lieu de reconnaître ce qui est perdu, il retourne l’agressivité contre lui-même. Il se traite comme s’il était lui-même responsable ou fautif.

En résumé, la personne mélancolique porte en elle une douleur de perte, mais sans pouvoir la nommer, ni la pleurer vraiment.

Winnicott et le sentiment de vide

Donald Winnicott parle de ces états où le sujet n’a pas pu se sentir « soutenu » dans ses débuts de vie. Quand le lien aux autres a été fragile ou absent, il peut en résulter un vide intérieur, une impression d’être absent de soi-même, typique de certains états mélancoliques.